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Depuis l'arrivée du "changement c'est maintenant", le statut d'auto-entrepreneur est sur la sellette. J'avoue ne pas m'être affolée au début : c'était forcément un effet d'annonce. Pourquoi, en effet, vouloir remettre en cause un système qui permet de créer son activité, de sortir de la longue liste des demandeurs d'emplois et de gagner sa vie sans rien demander à personne?

Et pourtant, le gouvernement actuel persiste et signe. Une des mesures "phare" : limiter la durée du statut quand il est exercé à titre d'activité principale. Passer un délai de 1 à 5 ans (il reste à préciser), l'auto-entrepreneur devra passer sous un régime d'entreprise classique pour continuer ses activités. 

Pour appuyer sa démarche, le gouvernement a commandé un rapport d'évaluation auprès de l'inspection générale des finances (IGF) et de l'inspection générale des affaires sociales (IGAS). Lequel n'apporte pas d'eau à son moulin, bien au contraire. Le rapport établit que le statut nécessite des aménagements et qu'il " ne fait pas l'objet d'un suivi suffisant". Mais il souligne aussi qu'il "fait l'objet de critiques récurrentes pour partie infondées", et recommande de ne pas le limiter dans le temps (rapport de l'IGF et de l'IGAS).

Personnellement, je fais aujourd'hui partie de ces auto-entrepreneurs qui ont "crée leur entreprise à titre principal sans volonté de rentrer à terme dans le droit commun, les revenus qu’ils dégagent de leur situation actuelle leur suffisant". Pour le moment du moins.

Passer le cap de quitter définitivement le salariat et de créer une entreprise, ce fut déjà un pas énorme pour moi. J'en suis fière aujourd'hui, mais sans ce statut, je ne sais pas si je l'aurais fait un jour, même si j'en avais profondément envie. Mes peurs m'auraient encore plus paralysées. J'ai revu mes priorités, sensiblement baissé mon train de vie, appris à consommer autrement; et ce que je gagne aujourd'hui me permet de vivre sans rien demander à personne. Depuis mai 2010, Pôle Emploi m'a rayée de ses listes, pour mon plus grand bonheur et le sien.

Les choses évolueront certainement, parce que chaque semaine qui passe me rend plus forte, plus à l'aise, "plus entreprenante". Mais je ne sais pas dire sous quel délai. Et quand bien même elles n'évolueraient pas, à qui je fais du mal en restant auto-entrepreneur?

Cette réforme me touche personnellement. Mais au delà de cet aspect personnel, elle me questionne.

A l'heure où notre pays connaît un taux de chômage important, pourquoi limiter un statut créateur d'activités? Le travail existe, les besoins sont partout. Simplement, ils sont multiples, ils n'assurent pas un "boulot à temps complet et/ou sur la durée". Le salariat n'offre pas la souplesse nécessaire pour y répondre. Et les entreprises traditionnelles ne sont pas toujours positionnées sur ces créneaux pas assez porteurs, pas assez rentables non plus aux vues de leurs charges et de la lourdeur du droit du travail en France. Alors pour répondre à ces besoins, c'est souvent travail au noir ou système D. 

Pourquoi limiter un statut qui sert de tremplin à un "autrement", qui permet de développer l'entreprenariat? Petit à petit, les français rentrent dans une autre démarche. Ils osent créer et innover, ils osent tenter l'aventure. Ils sortent du système d'assistanat organisé, si profondément ancré dans notre pays, pour  devenir créateur et développeur.

Pourquoi le réformer lui et ne pas regarder du côté des statuts de celles et ceux qui se plaignent de concurrence déloyale? Regarder par chez eux ce qui les plombent et dépoussiérer le système pour leur permettre de respirer, d'investir, de se développer? Les besoins sont là, il y a de la place pour tout le monde. Simplement, l'arrivée d'un nouveau fonctionnement oblige souvent à se regarder, à se remettre en question et à changer soit même. Sinon, on adopte un réflexe protectionniste en tapant sur le petit nouveau qui vient déranger l'ordre établi. 

Les auto-entrepreneurs contribuent pleinement à la vie économique de ce pays. La souplesse reprochée à ce statut est justement ce qui permet d'apporter un souffle d'innovation, de création, d'inventivité, d'adaptation. Ce qui a permis à 900 000 personnes aujourd'hui d'oser devenir "entrepreneur".

Au lieu de l'enterrer sur la base d'arguments qui n'en sont pas, ne serait-il pas plutôt temps d'apporter soutien et accompagnement à celles et ceux qui ont choisi d'emprunter ce chemin?

Image FEDAE (http://www.federation-auto-entrepreneur.fr/)

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